UFC-Que Choisir d'Aix-en-Provence

COMMERCE, PRATIQUES COMMERCIALES

Les dessous de la grande distribution

À l’heure de la mondialisation et du monopole des GAFAM (Google Apple Facebook Amazon Microsoft), la grande distribution est frappée d’une nouvelle crise sans précédent que l’on peut qualifier de technologique. Ainsi, une nouvelle forme de concurrence a émergé, la concurrence des multinationales du numérique dans le secteur de la grande distribution et plus particulièrement en matière d’alimentation et d’hypermarché. Viennent se greffer des techniques de lobbying et des pratiques commerciales abusives et d’usage courant qui faussent le jeu de la concurrence loyale.

 

Le diktat de l’instantanéité et la déshumanisation des opérations

Le diktat de l’instantanéité impose aux leaders de la grande distribution d’assurer des services toujours plus rapides et souvent au détriment des salariés. Le progrès technique a détruit des empois de caissier/caissière en les remplaçant par des caisses automatiques ou encore des préparateurs de commandes et livreurs par des robots/des drones.

Chez Amazon fresh, les passages en caisse vont jusqu’à être totalement supprimés et remplacés par des caddies à la pointe de la technologie. Dotés de systèmes de détection des produits portés dans le chariot mais aussi de balance avec un terminal de paiement intégré pour que toutes les opérations jusqu’alors opérés en caisse après avoir attendu son tour.

 

Des pratiques de plus en plus intrusives

Mais l’innovation ne s’arrête pas là puisqu’Amazon fresh va jusqu’à intégrer un sytème de géolocalisation dans les chariots afin de connaître les itinéraires empruntés par les consommateurs. De même, la détection des produits à une portée très importante permet de détecter des articles qui ont été portés, sélectionnés par le consommateur mais finalement pas ajoutés au chariot.

 

Des problématiques récurrentes : lobbying et pratiques commerciales abusives

Bien que cela puisse sembler étrange, certains supermarchés sont victime du système et peinent à obtenir des bénéfices en raison des contraintes imposées par les grands groupes et les centrales d’achat. Pour pouvoir continuer à attirer des clients, certains taux de marge sont minorés voire inexistants. En effet, il existe une véritable situation de dépendance économique à chaque niveau de la chaîne de consommation. Les distributeurs se retrouvent pieds et poings liés avec les fournisseurs et les fournisseurs le sont avec les géants de la distribution. Les professionnels de la négociation fustigent des comportements hostiles et sexistes lors de la fixation des prix. Enfin, plusieurs abus ont été relevés ces dernières années.

 

Une grande enseigne est notamment impliquée dans un litige en raison de ses manœuvres peu loyales.  Elle imposait aux fournisseurs par le biais d’une formulation trompeuse « RCP (Remise Complémentaire de Proximité) » de prendre en charge les coûts de livraison avant toute négociation et conclusion de contrat. En cas de non-respect de cette disposition précontractuelle, le fournisseur s’expose à du déstratage, les produits qu’il propose étant mis de côté ou déférencés du circuit de distribution.

Or, cette pratique apparaît abusive car elle fait peser sur le fournisseur une contrainte manifestement disproportionnée voire injustifiée sans aucune contrepartie, ce qui déséquilibre la relation commerciale.

 

Dès lors, les consommateurs se posent les questions suivantes :

Vers quel système de consommation tendons-nous ? Qui tient véritablement les ficelles de la grande distribution ? Sommes-nous victimes ou avons-nous véritablement les moyens d’agir contre cet engrenage ?

 

Léa Alessandri