UFC-Que Choisir d'Aix-en-Provence

ÉNERGIE/ENVIRONNEMENT

Savez-vous pourquoi le tarif de gros de l’électricité augmente vertigineusement ?

Si grâce au bouclier tarifaire mis en place par l’État pour les ménages, vous ne vous en rendez que peu compte, sur le marché de gros européen de l’électricité, le tarif du mégawattheure a subi une hausse catastrophique pour tous les consommateurs, individus et entreprises.

Début 2021, le prix de gros du mégawattheure en France était inférieur à 100 €. En décembre 2021 il était aux alentours de 250 €. En août 2022, il valait la bagatelle de 750 € !

Même s’il a beaucoup rechuté depuis avant de remonter, mais pas encore aussi haut, il reste sans commune mesure avec les tarifs jusqu’en 2020 où on nous annonçait déjà une hausse probable de 30 % du coût de l’électricité ; mais « seulement » de 30 %.

                                       

 

Pour expliquer cela, faisons court, dans un premier temps

Alors pour simplifier un peu, sachez que, dans le contexte économique européen actuel, le tarif de l’électricité est indexé sur sur celui du gaz.

Or, vous savez parfaitement que, aussi bien en raison de la reprise économique qui a suivi le principal de la crise sanitaire et de l’agression de l’Ukraine par la Russie, le prix du gaz a augmenté de façon stratosphérique.

D’où l’impact sur le tarif de l’électricité.

 

Précisons maintenant un peu le mécanisme.

D’abord, il est important de noter que le tarif de gros des énergies est calculé au niveau européen, pas seulement individuellement par pays, et est donc répercuté sur tous les pays concernés (avec quelques variations), qu’ils produisent chacun beaucoup ou peu d’électricité.

En temps normal, la France, grâce a ses centrales nucléaires, est un pays exportateur d’électricité. Et, dans une situation normale, le prix de gros du mégawattheure serait resté raisonnable.

Mais en raison des besoins actuels importants en ce moment des différentes formes d’énergie et du nombre de centrales à l’arrêt en France (en grande partie dû à des problèmes de corrosion anormale), la relève de la production d’électricité en Europe est assurée par des centrales thermiques, qu’elles soient à charbon et, en nombre plus important, à gaz.

Et c’est le tarif de production du mégawattheure électrique de ces dernières qui influe sur le tarif de gros.

Par conséquent, quand, dans un tel contexte, le tarif du gaz flambe (sans jeu de mots), celui de l’électricité suit.

CQFD.

 

Un mot sur le bouclier tarifaire, pour finir

Dans notre pays, donc, le gouvernement a décidé de bloquer la hausse de ces tarifs (électricité et gaz), pour les ménages uniquement, et d’assurer la différence de prix vis-à-vis des fournisseurs d’énergies.

Ceci explique que beaucoup d’entreprises qui, elles, continuent à subir les augmentations sans pouvoir répercuter intégralement ces surcoûts sur leurs prix de vente, ont de plus en plus de mal à résister, que ce soit un petit commerce, comme un boulanger, ou un industriel, comme un producteur de verre, par exemple, ces sociétés annonçant soit un arrêt temporaire d’activité soit une mise définitive de clé sous la porte.

Initialement, après une première prolongation, le bouclier tarifaire devait s’arrêter fin 2022. Mais la situation ne s’améliorant pas, l’État a décidé de le prolonger au moins au début de 2023, mais en laissant tout de même passer une augmentation, pour les ménages, de 15% du prix de l’énergie.

Cette augmentation reste plutôt faible pour le consommateur au regard du surcoût réel qu’il faudrait payer, mais elle permet de moins piocher dans les finances de l’État pour compenser les montants à reverser aux fournisseurs.

On ne sait pas, aujourd’hui, quand le gouvernement décidera de mettre le holà sur ce bouclier et de laisser les consommateurs supporter le coût réel des énergies.